SAMEDI SAINT – OFFICE DU MATIN


La Pieta, tableau O.D.M.

Stabat Mater

1. La Mère de douleur Se tenait en larmes près de la Croix où était suspendu Son Fils.
2. Son âme gémissante, contristée et dolente fut transpercée d'un glaive.
3. O combien triste et affligée fut cette bénie Mère du Fils unique!
4. Elle S'affligeait et souffrait la tendre Mère à la vue des peines de Son glorieux Fils.
5. Quel est l'homme qui ne pleurerait s'il voyait la Mère du Christ en un si grand supplice?
6. Qui ne pourrait s'attrister en contemplant la Mère du Christ souffrant avec Son Fils?
7. Pour les péchés de Son peuple Elle voit Jésus dans les tourments et soumis aux fouets.
8. Elle vit Son doux enfant mourir dans la désolation lorsqu'Il rendit l'esprit.
9. Oh! Mère, source d'amour, faites-moi sentir la force de Votre douleur pour qu'avec Vous je pleure.
10. Faites que mon coeur s'embrase de l'amour du Christ Dieu, afin que je Lui plaise.
11. Sainte Mère, faites cela: fixez les plaies du Crucifié en mon coeur profondément.
12. De Votre Fils blessé qui daigna tout souffrir pour moi partagez avec moi les peines.
13. Faites qu'avec Vous pieusement je pleure et compatisse au Crucifié tant que je vivrai.
14. Pès de la Croix me tenir avec Vous et m'asseoir à Votre deuil: c'est mon désir.
15. O glorieuse Vierge des vierges, ne me gardez plus d'amertume et donnez-moi de pleurer avec Vous.
16. Faites que je porte la mort du Christ, à Sa Passion faites que j'aie part et que je vénère Ses plaies!
17. Faites que je sois blessé de Ses plaies, faites que je m'enivre de la croix et du sang de Votre Fils.
18. Pour que je ne sois pas brûlé dans les flammes, par Vous, ô Vierge, que je sois défendu au jour du jugement.
19. O Christ, quand il me faudra quitter cette vie, donnez-moi d'arriver par Votre Mère à la palme de la victoire.
20. Quand mourra le corps, faites qu'à l'âme soit donnée la gloire du Paradis.


Cantique – DEBOUT LA MÈRE DES DOULEURS

1
Debout, la Mère des douleurs,
Au pied de la croix, toute en pleurs,
Regardait Jésus mourir.
2
Quel tourment, quel supplice affreux
De voir les coups si douloureux
Que Son Fils avait reçus.
3
Quel homme, sans verser des pleurs,
Verrait la Mère des douleurs
Dans un si cruel tourment?
4
Pour les pécheurs, Il S’est livré;
Son corps mourant tout déchiré
Devant Elle souffre encor.
5
O Sainte Mère, dans nos coeurs,
Fixe l’empreinte des douleurs
Dont souffrait le Christ en croix.
6
Fais-nous pleurer près de Ton Coeur
Et compatir à Sa douleur,
Mère, jusqu’à notre mort.
7
Pécheurs, debout près de la croix,
A Tes pleurs nous mêlons nos voix,
Dans l’amour et le remords.
8
Toi qui pour nous as tant souffert,
Viens me défendre de l’enfer,
Sainte Vierge, au dernier jour.
9
O Christ, lorsqu’il faudra mourir,
Par Elle, daigne m’accueillir
Dans la gloire de Ton ciel.


Après la MESSE BRÈVE :

ROSAIRE MÉDITÉ sur les mystères douloureux de la Passion

Jésus rencontre Sa très Sainte Mère sur le chemin du Calvaire

1. Agonie de Jésus

Jésus prie au Jardin de Gethsémani. Il souffre par avance toutes les douleurs de Sa Passion. Ce qui Lui cause la plus extrême douleur, c’est de savoir que tant d’âmes ne profiteront pas du salut qu’Il va payer à si haut prix. La nature humaine de Jésus est saisie d’épouvante. Mais Son Amour l’emporte et Il S’offre en victime pour ceux qui vont Le faire mourir, pour ceux qui Le crucifieront jusqu’à la fin des siècles…
Ô mon adorable Sauveur, ployé sous le faix de nos iniquités, ne permettez plus que je m’unisse à ceux qui Vous font pleurer le sang. Inspirez-moi une horreur profonde de toutes mes fautes, dont la seule pensée a noyé Votre âme dans un océan de désolation; et faites que, désormais, par la pureté de ma vie, et le dévouement de mon coeur, je Vous console, comme l’ange céleste, des ingratitudes et des blasphèmes de Vos enfants révoltés. Ainsi soit-il.

2. Trahison de Judas

L’hypocrite Judas est descendu au fond de l’abîme de la perversité. Il trahit son Maître par un baiser. Jésus ne détourne pas la tête. Les lèvres impures de Judas demeurent collées sur Sa Face adorable. Jésus le souffre!… Bien plus! Il presse une dernière fois sur Sa poitrine Son apôtre perdu; et, tirant de Son Coeur des accents capables d’attendrir l’âme la plus endurcie et la plus barbare: “Judas, ô Judas! lui dit-Il à voix basse, tu trahis le Fils de l’Homme par un baiser!…”
Je Vous adore, ô Dieu de patience, en union de l’inexprimable douleur endurée par mon divin Maître, lorsqu’Il reçut le perfide baiser de Judas. Loin de le maudire, Il ne lui fait entendre que des paroles de tendre reproche et de suprême compassion. Je Vous offre, Seigneur, la douceur de Jésus, envers le plus hypocrite et le plus ingrat des hommes. Donnez-moi d’étouffer dans mon âme le ressentiment des trahisons qui me viennent de ceux auxquels je me suis le plus dévoué et que mes lèvres ne s’ouvrent jamais que pour leur pardonner et les bénir. Ainsi soit-il.

3. Jésus abandonné de Ses Apôtres

Les Apôtres, voyant que Jésus ne résiste pas à Ses ennemis, mais Se livre Lui-même, L’abandonnent et s’enfuient. Ils n’avaient su Le soutenir de leur compassion, à l’heure des grandes angoisses; ils avaient dormi, pendant qu’Il répandait devant Son Père Ses larmes et Son Sang…
Ô mon Jésus enchaîné, laissez-moi baiser avec une tendre vénération et arroser de mes pleurs, ces liens d’ignominie que l’amour Vous impose, encore plus que la défiante cruauté de Vos ennemis. Ah! que l’aspect de Vos mains ensanglantées et de Vos membres meurtris par les noeuds étroits qui les enserrent, m’inspire le courage de rompre à jamais, les chaînes maudites qui me rivent au péché, et de m’attacher à jamais, par la chaîne d’or d’une charité généreuse et persévérante, à l’observation parfaite de Votre sainte Loi! Ainsi soit-il.

4. Jésus amené devant les tribunaux, accusé faussement et condamné

Traîné devant les tribunaux d’Anne, de Caïphe, de Pilate, d’Hérode, Jésus ne manifeste aucune irritation. Accusé de tous les crimes du monde, Jésus Se tait devant Ses ennemis… Les valets du grand-prêtre entraînent le Fils de Dieu dans le cachot souterrain où Il passera le reste de la nuit. Les uns Lui crachent au visage, d’autres Le renversent et Le frappent en Le raillant. Puis ils Lui bandent les yeux, Le soufflettent et Le meurtrissent à coups de poings…
Je tombe à Vos genoux, ô puissant Fils de Dieu, souffleté, raillé, conspué, battu par Vos indignes créatures. Je Vous adore, souffrant en silence les outrages sans nom dont elles Vous accablent. Hélas! Votre martyre, ô sainte Victime, se prolonge à travers les âges, et les générations passent l’une après l’autre devant Vous, jetant à Votre face sacrée les crachats de l’indifférence, les railleries du dédain et le défi du blasphème. Vous continuez de Vous taire, ô Dieu patient, et les impies disent que Vous êtes mort…
Doux Seigneur Jésus, frappez donc à Votre tour; mais frappez des coups d’infinie miséricorde, pour n’être pas réduit à frapper, au dernier jour, dans la rigueur de Votre infinie justice. Ainsi soit-il.

5. Jésus renié par saint Pierre

Pierre avait abandonné Jésus et s’était enfui comme les autres Apôtres. Il s’en repent aussitôt, et vient vers le tribunal pour retrouver son Maître qu’il aime. Les cris féroces de la foule contre Jésus ébranlent sa résolution. Confronté par une servante, puis une deuxième, ensuite par deux autres valets, Pierre renie son Maître et déclare avec serment ne pas Le connaître.
Ô Pierre, n’était-ce pas assez d’un traître parmi les amis de Jésus?… Fallait-il encore un renégat?… Tandis que Jésus est conduit au cachot, Son regard s’arrête sur Pierre. Sentant toute l’énormité de son crime, le coeur de l’apôtre renégat se brise…
Ô mon Seigneur Jésus, Dieu de tendresse et de pardon, accordez-moi, accordez aux pauvres pécheurs, un de ces regards qui bouleversent l’âme, la jettent à Vos pieds, palpitante de désolation et de repentir et la convertissent à jamais. Donnez à nos yeux ces larmes d’amertume et de reconnaissance qui Vous disent notre inconsolable douleur, d’avoir pu renier tant de fois le plus tendre et le plus aimant des Pères! Votre apôtre pleura, tout le reste de sa vie, quelques heures de fatal égarement; faites-nous la grâce, ô Jésus, de pleurer, au moins quelques heures, toute une vie d’infidélité et d’ingratitude. Ainsi soit-il.

6. Jésus flagellé

Pilate, après avoir protesté plusieurs fois de l’innocence de Jésus, ordonne qu’Il soit flagellé. La flagellation était un supplice infamant et cruel, infligé aux esclaves et aux gens de bas étage qui avaient été condamnés à la croix. Jésus est attaché à la colonne du supplice. Les verges des bourreaux s’élèvent et retombent avec d’affreux sifflements. Dès les premiers coups, la chair virginale et délicate de l’Homme-Dieu se déchire. Le sang jaillit avec impétuosité, des plaies béantes sillonnent tous Ses membres. Le Fils de Dieu frémit et Se tord comme un ver sous les coups de ces misérables.
Sang précieux de Jésus qui rougissez la colonne et qui coulez à larges flots sur les dalles de la place d’exécution, vous criez vers Dieu. Mais ce n’est pas la vengeance que Votre voix réclame, c’est la grâce du repentir et du pardon qu’elle appelle sur tous les coeurs coupables!… Faites enfin, ô mon Dieu rompu de coups, que le souvenir du cruel mystère de Votre flagellation ranime la ferveur de ma piété, chaque fois que je contemplerai ou que je recevrai l’Hostie sainte dont Vous avez dit: “Ceci est Mon Corps qui sera brisé pour vous!” Ainsi soit-il.

7. Jésus couronné d’épines

Après la cruelle flagellation, le corps de Jésus notre Sauveur n’est qu’une plaie vive. Ses yeux mourants ont une expression de douleur et de prière, capable d’attendrir des coeurs de tigres. Mais les soldats, animés par Satan lui-même, déchargent toute leur fureur sur la divine Victime. Ils accablent Jésus de leurs railleries. Les Juifs L’ont accusé de Se proclamer roi. Les soldats, pour S’en moquer, tressent une couronne d’épines et la posent sur Sa tête. Les épines s’enfoncent dans Son crâne, transpercent Son front, sortent par Ses yeux, Ses oreilles et Ses tempes. Le sang ruisselle à flots pressés, baigne Sa chevelure, Sa barbe, Son visage, Ses épaules et se répand sur Ses vêtements…
Ô Souverain Monarque de la terre et des cieux, je me prosterne à Vos genoux, l’âme débordante de douleur et les yeux pleins de larmes. Je Vous proclame et je Vous salue, non seulement comme le Roi de ces Juifs ingrats qui ne répondent à l’excès de Votre amour que par l’excès de la haine, non seulement comme le Roi de ces soldats féroces, qui Vous abreuvent des flots les plus amers de la honte et de la souffrance. Mais je Vous adore comme l’unique Roi de mon âme. À Vous mon coeur que Vous avez façonné de Vos mains déchirées. À Vous mon esprit que Vous avez illuminé des sublimes enseignements de Votre Passion. À Vous ma volonté que Vous avez dirigée et affermie par les douloureux exemples de Votre divine vertu. À Vous mon corps que Vous avez purifié et consacré par le sang de toutes Vos plaies. À Vous ma vie que Vous avez conquise par Vos supplices et Votre mort. Ainsi soit-il.

8. Jésus condamné à mort et mis en balance avec Barabbas

Pilate cherche un moyen de délivrer Jésus de la rage de Ses ennemis. C’est la coutume pour le gouverneur de délivrer un prisonnier juif à l’occasion de la Pâque. Pilate présente Jésus à la foule, et Le met en balance avec Barabbas, un criminel de la pire espèce. Le gouverneur demande au peuple de choisir lequel il délivrera: Jésus ou Barabbas? La foule lance des cris d’enfer: “Délivrez Barabbas. Que Jésus soit crucifié! Crucifiez-Le! Crucifiez-Le!”
Ô mon Seigneur Jésus, Vos lèvres demeuraient silencieuses, pendant que le peuple réclamait tumultueusement Votre mort; mais de Votre Coeur montait vers le ciel un cri plus puissant que la voix de Vos ennemis: “Oui, Mon Père, disiez-Vous, que Votre Fils soit crucifié!… Pardonnez à l’humanité pécheresse. Faites tomber les liens qui l’asservissent à l’enfer. Sauvez-la de la mort éternelle! Délivrez Barabbas, le révolté contre Votre loi, le ravisseur de Votre gloire, le meurtrier de son âme. Laissez-Moi mourir afin que le coupable, régénéré dans Mon sang, recouvre avec la vie divine, la liberté de son innocence, la beauté de Votre grâce et ses titres premiers au céleste héritage promis à Vos enfants! Ainsi soit-il.

9. Jésus chargé de Sa croix, Se rendant au Calvaire

Jésus S’avance Lui-même à la rencontre de cette croix tant désirée. Il étend les bras pour la recevoir et la presse sur Sa poitrine dans une amoureuse étreinte: la croix! N’était-ce point la vie, le salut de Ses enfants, dans les sanglantes tortures qu’elle allait Lui faire subir? Il la charge sur Ses épaules et recueille toutes Ses forces pour la porter jusqu’au calvaire. Du même coup, Il Se charge et Se revêt de nouveau de tous les crimes des hommes pour les expier sur ce bois infâme.
Approche, ô mon âme, et viens reconnaître la part que tu as dans ce fardeau. Compte et pèse toutes les ingratitudes, tous les crimes que tu as entassés sur les épaules de ton Sauveur! Et puisqu’il ne t’est plus possible de L’en décharger, pleure, du moins, repens-toi et suis-Le jusqu’au Calvaire.
Seigneur, chargez mes épaules de la croix qu’il Vous plaira de me choisir; je l’accepte avec amour. Oui je porterai généreusement après Vous la croix de l’Évangile et du devoir, du courage dans les luttes, de la résignation dans les peines, d’une persévérance invincible dans la vertu. Ô Seigneur, ô ma Voie, ô ma Vérité et ma Vie, je Vous suivrai, je gravirai, soutenu par Votre grâce, les pentes escarpées de mon Calvaire, priant toujours, combattant toujours et s’il le faut, souffrant, pleurant toujours, mais triomphant toujours, jusqu’à l’heure bénie où j’irai cueillir près de Vous, dans le ciel, les palmes de mes victoires. Ainsi soit-il.

10. Jésus rencontrant Sa Sainte Mère

Jésus venait de fléchir, encore une fois, sous Son cruel fardeau. En Se relevant, Il aperçoit Sa Mère qui Lui tend les bras. Un double cri se fait entendre: “Ma Mère! – Mon Fils!…” L’âme de Marie est brisée de douleur. Mais Elle acquiesce plus que jamais à la Volonté de Dieu… Cette rencontre est pour Jésus une consolation en même temps qu’elle redouble Ses souffrances. La force héroïque de Sa Mère, Sa conformité parfaite au plan de la Rédemption sont un réconfort pour le Sauveur. Mais de voir la souffrance de Sa Mère si tendrement aimée ajoute encore à Son supplice…
Ô Jésus, ô Marie, donnez-moi part à Vos douleurs, ou plutôt, enflammez-moi de cet amour qui Vous a rendus capables de tous les sacrifices. Imprimez dans mon coeur Votre amour et Vos douleurs. Votre amour, afin que je renonce à tout amour qui m’éloignerait de Vous. Vos douleurs, afin que je porte avec patience toutes les peines de la vie. Ainsi soit-il.

11. Jésus tombant sous le poids de Sa croix et consolé par le geste de Véronique

Les bourreaux ne cessent de frapper et de maltraiter Jésus qui monte péniblement vers le calvaire, chargé de Sa croix. Une femme qui Le suit en pleurant, ne pouvant plus se contenir, fend la foule, brave les glaives qui s’opposent à son passage et tombant à genoux, elle essuie respectueusement de son voile le visage défiguré de son Dieu. Pour la récompenser de son généreux dévouement, Jésus laisse sur ce voile l’empreinte de Son divin visage.
Ô Jésus, mon aimable Rédempteur, permettez-moi de Vous consoler aussi par ma générosité à Vous servir, sans jamais me laisser arrêter par le monde qui cherche à m’arracher à Vous. Imprimez en mon âme Votre divine ressemblance. Faites de moi un corédempteur avec Vous, pour Votre gloire, Votre consolation et pour le salut de mes frères et soeurs de la terre. Ainsi soit-il.

12. Jésus est crucifié

Parvenus au sommet du calvaire, les bourreaux saisissent le Sauveur et Le renversent durement sur le bois grossier de la croix. Jésus étend la main. Un clou énorme s’enfonce dans la paume de cette main toute-puissante, traverse les nerfs, les muscles, les veines… le lourd marteau tombe et retombe à coups retentissants. Les bourreaux font de même pour l’autre main et les pieds divins subissent le même affreux tourment. Puis les bourreaux dressent la croix dans les airs et la laissent brusquement s’enfoncer de tout son poids, avec une effroyable secousse dans le trou préparé pour la recevoir. Les blessures divines s’élargissent, la tête sacrée se rejette en arrière, le sang coule avec une nouvelle abondance. La douleur est tellement violente que le Fils de Dieu ne peut retenir un long gémissement.
Ô mon Jésus, ô Vous, le plus aimable des enfants des hommes, quel est donc Votre crime? Pourquoi Vous a-t-on crucifié? Hélas! C’est moi seul qui suis coupable. Vous, le Fils de Dieu trois fois saint, Vous subissez la peine due à l’homme pécheur. Vous, le Roi des mondes, Vous Vous faites la rançon d’un vil esclave… Ô ma Victime et mon Salut! Faites que désormais je ne quitte plus cette Croix que Vous avez si douloureusement sanctifiée. Que je m’y attache à jamais pour y vivre et mourir avec Vous. Ainsi soit-il.

13. Jésus expirant sur la croix

Du haut de Sa croix, Jésus regarde tristement la foule qui L’insulte. Et la sainte Victime laisse échapper de Sa poitrine brisée, ce cri de suprême miséricorde: “Pardonnez-leur ô Mon Père! Car ils ne savent pas ce qu’ils font!…” Puis Il aperçoit, debout près de Sa croix, Sa divine Mère, l’âme broyée et pleine de larmes. Dans l’attitude du prêtre à l’autel, Marie offre au Père céleste la grande immolation demandée à Sa foi et à Son amour. Son regard éploré rencontre celui de Son divin Fils. Ah! Jamais langage humain n’exprima si vive tendresse et si profonde douleur. Et Jésus, dans un élan d’amour infini, nous donne Sa Mère et nous donne tous à Elle pour être Ses enfants. Enfin, Jésus expire dans les affres de l’agonie la plus cruelle.
Ô mon Dieu crucifié, je Vous donne mon âme. Vous l’avez achetée de tout le martyre de la Vôtre. Jusqu’à la mort, mon adoration et ma prière ne feront plus que Vous redire le dernier cri que Vous faisiez monter vers Votre Père: “Je remets Mon âme entre Vos mains!” Je Vous donne mon coeur. Si le Vôtre a cessé de battre, c’est qu’il m’a donné tout ce qu’il avait d’amour. Il m’a aimé jusqu’à l’épuisement. Ô Coeur sacré de Jésus, comme Vous attirez mon coeur, comme Vous en avez faim et soif!… Oui, mon Dieu crucifié, je suis à Vous pour le temps et pour l’éternité. Je Vous promets, pour le reste de ma vie, une généreuse et constante fidélité à Votre amour. Ainsi soit-il.

14. Jésus descendu de la croix et remis à Sa Sainte Mère

Jésus est mort… Une solitude profonde s’était faite sur le Calvaire. Quelques amis de Jésus se rendent chez le gouverneur Pilate pour réclamer Son corps. Ils descendent avec respect la dépouille divine et la remettent entre les bras de Sa pauvre Mère…
Seigneur, je Vous offre mon Jésus, reposant inanimé sur les genoux de Sa Mère, pour les mères chrétiennes qui voient Satan et le monde arracher l’âme de leurs enfants et les pousser vers la damnation éternelle. Satan a juré de ravir à Dieu et à Son Église le doux et précieux trésor de l’âme des enfants. Des soldats de l’enfer ont renouvelé en nos tristes temps le massacre des Innocents. La sainte Église pleure parce que ses enfants sont arrachés à la Patrie céleste.
Ô Dieu saint! Ô Dieu bon! Ô Dieu juste! Écoutez les cris de l’Église, comme Vous avez écouté les gémissements de Marie, et rendez-lui les âmes de ses enfants, comme Vous avez rendu à Marie Son Jésus ressuscité. Ainsi soit-il.

15. Jésus mis au tombeau.

Avec un héroïsme sublime, mais non cependant sans subir le plus cruel martyre, Marie Se disposa avec les quelques compagnons de Sa douleur à mettre Jésus au tombeau. Ils fléchirent le genou devant la dépouille mortelle de leur Dieu et l’adorèrent profondément. Après l’avoir disposé dans le sépulcre creusé dans la pierre, ils s’éloignèrent en silence. Épuisée de fatigue et de douleur, la Vierge Marie Se sépara à regret de Son bien-aimé Fils.
Ô chrétien! Approche-toi de ta Mère et suis-La en pleurant. Rappelle-toi toujours, dans l’amertume de tes souvenirs, combien de fois tu as retourné le glaive dans la plaie de ce tendre Coeur, comprends enfin que tant d’amour ne devait pas être payé de tant de cruauté et porte à jamais dans ton âme le deuil du Dieu que tes péchés ont fait mourir…
Ô Jésus crucifié, aidez-nous à porter notre croix comme Vous avez porté la Vôtre… puisque la croix est notre unique espérance, le seul gage de notre salut. Ainsi soit-il.


Cantique: JÉSUS MORT ET ENSEVELI

1
O pécheurs abominables,
C’en est fait, Jésus est mort.
Nous sommes tous les coupables,
Que deviendra notre sort?
Ne quittons point le Calvaire,
Expirons tous sur le lieu,
Pour tâcher de satisfaire
A la justice de Dieu.
2
Voyez-vous Sa sainte Mère
Qui Le baise en soupirant?
Sa douleur est très amère,
Car Son amour est très grand.
Elle gémit et Se pâme,
Elle dit dans Ses langueurs:
Oh! cher objet de Mon âme,
Est-ce là Vous? Je Me meurs.
3
Est-ce le corps adorable
De Mon cher Fils que Je vois?
Hélas! qu’Il est pitoyable!
Oui, c’est Lui, Je Le connais.
Je ne vois sur Votre face
Que des crachats et du sang.
Plus de beauté, plus de grâce.
O Mon Fils, quel changement!
4
D’où viennent ces meurtrissures,
Ces deux bras tout disloqués,
Ce sang caillé, ces blessures,
Et ces mains et pieds percés?
Mêlons nos larmes aux Siennes,
Embrassons Ses pieds sacrés,
Et dans le sang de Ses veines
Effaçons tous nos péchés.
5
Pour éviter la vengeance
De Dieu le Père irrité,
Mettons-nous en assurance
Dans Son très sacré côté.
Cherchons une paix profonde
Avec Jésus au tombeau,
Pour y vivre loin du monde
Et pour faire un coeur nouveau.
6
Obtenez-nous, ô Marie,
Le pardon de Votre Fils!
Nous voulons changer de vie,
Exaucez nos coeurs contrits.
O doux Jésus, qu’une flèche
De l’amour de Votre Coeur
Fasse aux nôtres une brèche
Pour expirer de douleur.
7
Gravez dans notre mémoire
Votre mort et Vos douleurs,
Afin d’avoir dans la gloire
Quelque part à Vos grandeurs.
O pécheurs abominables,
C’en est fait, Jésus est mort.
Nous sommes tous les coupables,
Que deviendra notre sort?
(Saint Louis-Marie de Montfort)