Dimanche des Rameaux

La Sainte Écriture parle souvent de la «plénitude du Christ». En Lui sont en effet contenus tant de trésors et de richesses, que jamais nous ne parviendrons à les concevoir et à les exprimer parfaitement. Un des aspects de cette plénitude multiple est constitué par la triple fonction du Christ: Roi, Docteur, et Prêtre (en même temps que Victime). Sans doute, Il exerce constamment cette triple fonction: mais c'est pourtant en certaines circonstances qu'il en fait rayonner spécialement tel ou tel aspect. C'est ainsi qu'aujourd'hui Il fait resplendir plus intensément Sa Royauté, quelques jours seulement avant d'accomplir Sa tâche de Prêtre et de Victime, dans l'humiliation et l'abaissement le plus total. En nous révélant ainsi Sa puissance et Sa gloire. Il nous donne la foi et le courage de Lui rester fidèles dans Sa pauvreté et Son ignominie.
Unissons-nous donc aux gens de Palestine, qui de Jérusalem s'avancèrent à la rencontre du Christ, avec des cris de joie et de louange. Nous aussi, apportons-Lui l'hommage de notre amour et de notre gratitude; reconnaissons-Le comme notre Roi et notre Maître, même dans Son humiliation et Son anéantissement, même quand toute Sa beauté divine et humaine se voile et disparaît sous la souffrance et la persécution.
Procession solennelle des Rameaux en l'honneur du Christ-Roi
1. La Bénédiction des Rameaux
Des rameaux sont disposés dans le choeur, sur une table recouverte d'un linge blanc. Le célébrant est revêtu de l’étole et de la chape violettes. Ayant salué l’autel, il se place devant la table, face au peuple, tandis qu’on chante l’antienne suivante:
Le célébrant procède alors à la bénédiction des rameaux:
V. Dominus vobiscum.
R. Et cum spiritu tuo.
Orémus. Nous Vous demandons, Seigneur Saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, de daigner bénir ✠ et sanctifier ✠ ces rameaux de palmier (ou de cèdre, ou d’autre arbre) créés par Vous. Que cette bénédiction donne à tous ceux qui recevront de ces rameaux protection spirituelle et corporelle, et faites qu’ils deviennent l’instrument de Votre grâce et un remède pour notre salut. Par Jésus-Christ Votre Fils, Notre-Seigneur, qui étant Dieu, vit et règne avec Vous, en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. R. Ainsi soit-il.
Le célébrant asperge par trois fois les rameaux et les encense trois fois.
Orémus. Bénissez, Seigneur, ces rameaux et faites que ce geste extérieur où Votre peuple exprime aujourd’hui la vénération qu’il Vous porte, il l’accomplisse aussi spirituellement en s'appliquant de toute son âme à remporter la victoire sur l’ennemi, et à pratiquer avec amour l’exercice de la miséricorde. Par Jésus-Christ Votre Fils, Notre-Seigneur, qui étant Dieu, vit et règne avec Vous en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. R. Ainsi soit-il.
Le célébrant termine la bénédiction par une dernière oraison.
V. Dominus vobiscum.
R. Et cum spiritu tuo.
Orémus. Vous, qui pour notre salut, avez envoyé en ce monde Votre Fils Notre-Seigneur Jésus-Christ afin qu’Il S’abaissât jusqu’à nous pour nous élever jusqu’à Vous, et qui avez également voulu pour accomplir les Écritures, que lors de Son entrée à Jérusalem un peuple de croyants vint dans un geste de piété sincère étendre ses vêtements sur Son passage avec des branches de palmier: faites, Seigneur, que par notre foi nous Lui préparions une route, où toute pierre d’achoppement et de scandale rejetée, nos œuvres poussent des rameaux de justice en Votre présence, afin que nous puissions suivre les traces de Celui qui, étant Dieu, vit et règne avec Vous, en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. R. Ainsi soit-il.
2. La distribution des Rameaux
Le célébrant tourné vers le peuple distribue les rameaux. Chaque fidèle baise le rameau que lui présente le célébrant avant de le prendre. Pendant ce temps l'on chante l'antienne en latin, Pueri hebraeorum:
Les enfants des Hébreux, portant des rameaux d'olivier, allèrent au-devant du Seigneur, poussant des acclamations et disant: «Hosanna dans les cieux!» (S. Jean 12; S. Marc, 11.)
Les enfants des Hébreux étendaient leurs vêtements sur le chemin, et criaient en disant: «Hosanna au Fils de David! Béni soit Celui qui vient au Nom du Seigneur.» (S. Mt. 21, 8 et 9.)
1. Vous tous, peuples, battez des mains, acclamez Dieu par des cris d'allégresse.
2. Car le Seigneur très haut est redoutable, Il est grand Roi sur toute la terre.
3. Il établit les peuples sous notre joug, et les nations sous nos pieds.
4. Il nous choisit notre héritage, la gloire de Jacob, Son bien-aimé.
5. Dieu monte au milieu des acclamations, le Seigneur monte au son de la trompette.
6. Chantez à notre Dieu, chantez! Chantez à notre Roi, chantez!
7. Car Dieu est le Roi de toute la terre, chantez un cantique!
8. Dieu règne sur les nations; Dieu siège sur Son trône saint.
9. Les princes des peuples se réunissent au peuple du Dieu d'Abraham.
10. Car ils sont à Dieu, les puissants de la terre; Il est souverainement élevé.
3. La lecture de l’Évangile
Le célébrant monte à l’autel pour la lecture.
V. Dominus vobiscum.
R. Et cum spiritu tuo.
V. Sequéntia sancti Evangélii secundum Matthæum (2l, 1-9)
R. Gloria tibi, Domine.
En ce temps-là, comme Jésus approchait de Jérusalem et arrivait à Bethphagé, près du mont des Oliviers, Il envoya deux de Ses Disciples, leur disant: «Allez au village qui est devant vous, et aussitôt vous trouverez une ânesse attachée et son ânon avec elle: déliez-la et amenez-les-Moi; et si quelqu’un vous dit quelque chose, dites que le Seigneur en a besoin et aussitôt il les laissera emmener» — Tout cela se fit, afin que s’accomplît ce qui avait été dit par le Prophète: Dites à la fille de Sion: Voici que ton roi vient à toi plein de douceur, monté sur une ânesse et sur l’ânon de celle qui porte le joug. — Les Disciples allèrent et firent ce que Jésus leur avait ordonné. Ils amenèrent l’ânesse et l’Ânon, mirent sur eux leurs vêtements et Le firent asseoir suivaient, criaient: «Hosanna au Fils de David! Béni soit Celui qui vient au Nom du Seigneur.»
R. Louange à Vous, Seigneur.
4. Procession des Rameaux
Hymne au Christ-Roi
Gloria, laus et honor, tibi sit, Rex Chniste, Redemptor! Cui puerile decus prompsit Hosanna pium. | À Vous la gloire, la louange et l'honneur, Roi, Christ, Rédempteur! à qui l'élite des enfants a chanté le pieux Hosanna. |
Israel es tu Rex, Davidis et inclyta proles: Nomine qui in Domini, rex benedicte, venis. | D'Israël Vous êtes le Roi, et de David le noble descendant: c'est au Nom du Seigneur, ô Roi béni, que Vous venez. |
Coetus in excelsis, te laudat coelicus omnis, Et mortalis homo, et cuncta creata simul. | Tous les chœurs angéliques dans les cieux, l'homme mortel et toute créature Vous chantent de concert. |
Plebs Hebraea tibi cum palmis obvia venit: Cum prece, voto, hymnis, adsumus ecce tibi. | Le peuple hébreu vint au-devant de Vous avec des palmes: nous voici devant Vous, avec nos prières, nos vœux et nos hymnes. |
Hi tibi passuro solvebant munia laudis; Nos tibi regnanti pangimus ecce melos. | À Vous, si près de Votre Passion, ils payaient leur tribut de louange; à Vous qui maintenant régnez nous offrons ce chant mélodieux. |
Hi placuere tibi, placeat devotio nostra, Rex bone, rex clemens, cui bona cuncta placent. | Ils Vous ont plu; que notre dévotion Vous plaise aussi, Roi de bonté, Roi de clémence à qui plaît tout ce qui est bon. |
Revenu au pied de l'autel et tourné vers le peuple, le célébrant lit l’Oraison qui sert de conclusion à la procession.
V. Dominus vobiscum.
R. Et cum spiritu tuo.
Orémus. Seigneur Jésus-Christ, notre Roi et notre Rédempteur, en portant ces rameaux, nous avons chanté de solennelles louanges en Votre honneur; accordez-nous, dans Votre bonté, que partout où ces rameaux seront transportés, descende la grâce de Votre bénédiction, et que Votre droite, maîtrisant l’iniquité et l’astuce des démons, protège ceux qu’elle a rachetés. Vous qui vivez et régnez avec Dieu le Père en l’unité du Saint-Esprit dans tous les siècles des siècles. R. Ainsi soit-il.
MESSE DU DIMANCHE DES RAMEAUX
Introït. (Ps. 21, 20 et 22)
Seigneur, n’éloignez pas de moi Votre secours, prenez soin de ma défense: sauvez-moi de la gueule du lion, et gardez ma pauvre vie des cornes des bisons. — (Ps. 21, 2) Mon Dieu, mon Dieu, tournez-Vous vers moi, pourquoi m’avez-Vous abandonné? La voix de mes péchés éloigne de moi le salut. V. Gloria Patri... — Seigneur.
Collecte
Orémus. Dieu tout-puissant et éternel, qui pour donner au genre humain un modèle d’humilité qu’il eût à imiter, avez voulu que notre Sauveur prît notre chair et endurât le supplice de la croix, accordez-nous de recueillir les leçons de Sa Passion, et d’avoir également part à Sa Résurrection. Par le même Jésus-Christ, Votre Fils, notre Seigneur, qui étant Dieu, vit et règne avec Vous, en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. R. Ainsi soit-il.
Épître — Lecture de l’Épître du Bienheureux Apôtre Paul aux Philippiens. (2, 5-11)
Frères, ayez en vous les mêmes sentiments dont était animé le Christ Jésus: Lui qui, possédant la nature divine, n’a pas cru devoir Se réclamer de Son égalité avec Dieu, mais Il S'est anéanti Lui-même, en prenant la condition d’esclave et en devenant semblable aux hommes. Et quand Il S’est trouvé avec tous les dehors d’un homme, Il S’humilia encore, Se faisant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu L’a exalté et Lui a donné un Nom qui est au-dessus de tout nom, (le célébrant fléchit le genou) afin qu’au Nom de Jésus tout genou fléchisse, au ciel, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame que le Seigneur Jésus-Christ est entré dans la gloire de Dieu le Père.
R. Rendons grâces à Dieu.
Graduel (Ps. 72, 24 et 1-3)
Vous m’avez pris par la main et conduit selon Vos desseins; Vous m’avez accueilli dans la gloire. V. Que Dieu est bon pour Israël, pour ceux qui ont le cœur droit! Mais moi, pour un peu mes pieds auraient bronché, pour un rien mes pas auraient chaviré; car je me suis mis à envier les méchants, à considérer le bonheur des impies.
Trait (Ps. 21, 2-9, 18, 19, 22, 24 et 32)
Mon Dieu, mon Dieu, tournez-Vous vers moi, pourquoi m’avez-Vous abandonné? V. La voix de mes péchés éloigne de moi le salut. V. Mon Dieu, je crie le jour, et Vous ne répondez pas; la nuit, et Vous n’avez point souci de moi! V. Pourtant Vous résidez dans le sanctuaire, ô gloire d’Israël! V. En Vous, nos aïeux eurent confiance; ils eurent confiance, et Vous les avez délivrés. V. Ils crièrent vers Vous et ils furent sauvés; ils eurent confiance et ne furent pas déçus. V. Mais moi, je suis un ver de terre et non un homme, la dérision des gens et le rebut du peuple. V. Tous ceux qui me voient se raillent de moi; ils donnent libre cours à leur langue et hochent la tête! V. Il s’en est remis au Seigneur: qu’Il le délivre; qu’Il le sauve, puisqu’il se complaît en Lui! V. Ils m’observent, ils me contemplent; ils se partagent mes vêtements et tirent au sort ma tunique. V. Sauvez-moi de la gueule du lion et gardez ma pauvre vie des cornes des bisons. V. Vous qui craignez le Seigneur, louez-Le; toute la postérité de Jacob, rendez-Lui gloire. V. La postérité chantera le Seigneur et les cieux annonceront Sa justice. V. Ils diront à la race à venir ce que le Seigneur a fait.
(On tient les rameaux en main durant la récitation de la Passion et de l'Évangile qui suit.)
La Passion de notre Seigneur Jésus-Christ selon saint Matthieu. (26, 1-75; 27, 1-66)
Judas le traître
En ce temps-là, Jésus dit à Ses Disciples: «Vous savez que dans deux jours c’est la Pâque et que le Fils de l’Homme sera livré pour être crucifié.» Alors les Princes des prêtres et les Anciens du peuple s’assemblèrent dans la cour du Grand-Prêtre, appelé Caïphe, et complotèrent de s’emparer de Jésus par ruse et de Le faire mourir. Ils disaient cependant: «Que ce ne soit pas pendant la fête, de peur qu’il n’y ait une émeute dans le peuple.» Or comme Jésus Se trouvait à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, une femme s’approcha de Lui avec un vase d’albâtre, rempli d’un parfum précieux, et elle le répandit sur Sa tête pendant qu’Il était à table. Les Disciples voyant cela s’indignèrent et dirent: «À quoi bon ce gaspillage? On aurait pu vendre ce parfum très cher et en donner le prix aux pauvres» Jésus S'en aperçut et leur dit: «Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme? Elle a fait une bonne œuvre à Mon égard; car vous avez toujours des pauvres avec vous, mais Moi vous ne M'aurez pas toujours. En répandant ce parfum sur Mon corps, elle l’a fait pour Ma sépulture. En vérité, Je vous le dis, partout où sera prêché cet Évangile dans le monde entier, on racontera aussi, en souvenir d'elle, ce qu’elle vient de faire.» Alors un des douze, nommé Judas Iscariote, alla trouver les Princes des prêtres et leur dit: «Que voulez-vous me donner et je vous Le livrerai?» Ils convinrent de lui donner trente pièces d'argent et, dès ce moment, il cherchait une occasion favorable pour Le livrer.
La Dernière Cène
Le premier jour des Azymes, les Disciples s’approchèrent de Jésus et Lui dirent: «Où voulez-Vous que nous Vous préparions le repas pascal?» Jésus leur dit: «Allez en ville, chez un tel, et dites-lui: Le Maître dit: Mon temps est proche: c’est chez toi que Je ferai la Pâque avec Mes Disciples» Les Disciples firent comme Jésus le leur avait ordonné et préparèrent la Pâque. Le soir étant venu, Il Se mit à table avec Ses douze Disciples et, au cours du repas, Il dit: «En vérité, Je vous le dis, l’un de vous Me trahira» Vivement attristés, ils commencèrent à Lui dire chacun de son côté: «Est-ce moi, Seigneur?» Il leur répondit: «Celui qui met la main au plat avec Moi Me trahira. Le Fils de l'Homme S’en va selon ce qui est écrit de Lui; mais malheur à l'homme par qui le Fils de l'Homme sera trahi! Mieux vaudrait pour cet homme qu'il ne fût jamais né.» Judas, qui Le trahissait, prit la parole et dit: «Est-ce moi, Maître?» Il lui répondit: «Tu l'as dit» Au cours du repas, Jésus prit du pain, et après avoir rendu grâces, Il le rompit et le donna à Ses Disciples en disant: «Prenez, mangez, ceci est Mon Corps.» Puis Il prit une coupe et après avoir rendu grâces, Il la leur donna en disant: «Buvez-en tous, car ceci est Mon Sang, le sang de la nouvelle alliance, qui sera répandu pour un grand nombre en rémission des péchés. Et Je vous le dis, Je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne jusqu’au jour où J'en boirai du nouveau avec vous, dans le royaume de Mon Père.» Après avoir dit l'hymne, ils sortirent pour se rendre au mont des Oliviers. Jésus leur dit alors: «Pour vous tous, Je serai une occasion de chute cette nuit. Car il est écrit: Je frapperai le pasteur et les brebis du troupeau seront dispersées. Mais après que Je serai ressuscité, Je vous précéderai en Galilée.» Pierre Lui répondit: «Si même tous tombaient à cause de Vous, moi je ne tomberai jamais.» Jésus lui dit: «En vérité, Je te le dis, cette nuit même, avant que le coq chante, tu Me renieras trois fois» Pierre Lui dit: «Quand il me faudrait mourir avec Vous, je ne Vous renierai pas.» Et tous les Disciples parlèrent de même.
Gethsémani
Jésus arriva alors avec eux à un endroit nommé Gethsémani, et Il dit à Ses Disciples: «Asseyez-vous ici pendant que J'irai prier là-bas» Et ayant pris avec Lui Pierrè et les deux fils de Zébédée, Il commença à être saisi de tristesse et d’angoisse. Il leur dit alors: «Mon âme est triste jusqu'à la mort; restez ici et veillez avec Moi» Il S'avança un peu et Se prosterna la face contre terre, priant et disant: «Mon Père, si c’est possible, que ce calice s'éloigne de Moi; cependant, qu’il en soit non comme Je veux mais comme Vous le voulez.» Il revint vers Ses Disciples et les trouvant endormis, Il dit à Pierre: «Ainsi vous n’avez pas pu veiller une heure avec Moi? Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation, car l’esprit est prompt, mais la chair est faible.» Il S’éloigna une seconde fois et Se mit en prière en disant: «Mon Père, si ce calice ne peut passer sans que Je le boive, que Votre Volonté soit faite.» Il revint de nouveau, et les trouva endormis; car leurs yeux étaient appesantis. Alors, les laissant, Il S’éloigna de nouveau et une troisième fois fit la même prière. Puis Il revint à Ses Disciples et leur dit: «Dormez maintenant et reposez-vous; voici que l’heure est proche où le Fils de l'Homme sera livré aux mains des pécheurs. Levez-vous, allons; voici qu’approche celui qui va Me trahir.»
L’arrestation de Jésus
Il parlait encore, et voici que Judas, l’un des douze arriva, et avec lui une troupe nombreuse de gens, armés d’épées et de bâtons, envoyés par les Princes des prêtres et les Anciens du peuple. Celui qui allait Le livrer leur avait donné ce signe: «Celui à qui je donnerai un baiser, c’est Lui, arrêtez-Le.» Et aussitôt, s’approchant de Jésus, il Lui dit: «Salut, Maître.» Et il Lui donna un baiser. Jésus lui dit: «Mon ami, pourquoi es-tu venu?» Alors ils s'avancèrent, mirent la main sur Jésus et se saisirent de Lui. Et voilà qu’un de ceux qui étaient avec Jésus, étendit la main, tira son épée, et frappant le serviteur du Grand-Prêtre, lui coupa l'oreille. Jésus lui dit: «Remets ton épée en place, car tous ceux qui prennent l'épée périront par l’épée. Penses-tu que Je ne puisse pas prier Mon Père, qui M’enverrait aussitôt plus de douze légions d’Anges? Comment donc s’accompliraient les Écritures, qui disent qu’il en doit être ainsi?» À ce moment Jésus dit à la foule: «Vous êtes venus comme à un brigand, armés d’épées et de bâtons, pour Me saisir; J’étais assis tous les jours au milieu de vous, enseignant dans le Temple, et vous ne M'avez pas arrêté.» Tout cela s’est fait afin que ce que les Prophètes ont écrit fût accompli. Alors tous les Disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent.
Jésus au palais du Grand-Prêtre
Ceux qui avaient arrêté Jésus Le conduisirent chez le Grand-Prêtre Caïphe, où les Scribes et les Anciens s'étaient réunis. Pierre les suivit de loin jusqu’à la cour du Grand-Prêtre; étant entré, il s’assit avec les serviteurs pour voir la fin. Cependant les Princes des prêtres et tout le conseil cherchaient un faux témoignage contre Jésus pour Le mettre à mort et ils n’en trouvaient pas, bien que beaucoup de faux témoins se fussent présentés. Finalement deux faux témoins vinrent dire: «Cet homme a dit: Je puis détruire le temple de Dieu et le rebâtir en trois jours.» Le Grand-Prêtre se leva et Lui dit: «Tu ne réponds rien à ce qu’ils déposent contre Toi?» Mais Jésus Se taisait. Le Grand-Prêtre Lui dit: «Je T’adjure par le Dieu vivant de nous dire si Tu es le Christ, le Fils de Dieu» Jésus lui répondit: «Tu l’as dit. Mais Je vous le dis, désormais vous verrez le Fils de l'Homme assis à la droite de la puissance de Dieu et venant sur les nuées du ciel.» Alors le Grand-Prêtre déchira ses vêtements en disant: «Il a blasphémé; qu’avons-nous encore besoin de témoins? Voici que vous venez d’entendre le blasphème. Que vous en semble?» Ils répondirent: «Il mérite la mort.» On Lui cracha alors au visage et on Le frappa à coups de poing; d’autres Lui donnèrent des soufflets en disant: «Prophétise, Christ, et dis-nous qui T’a frappé?»
Reniement de saint Pierre
Pierre cependant était dehors, assis dans la cour. Une servante s’approcha de lui et lui dit: «Toi aussi, tu étais avec Jésus de Galilée.» Mais il le nia devant tous, disant: «Je ne sais ce que tu veux dire.» Et comme il sortait, une autre servante le vit et dit à ceux qui étaient là: «Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth.» De nouveau il le nia en jurant et dit: «Je ne connais pas cet homme.» Peu après, ceux qui se trouvaient là s’approchèrent et dirent à Pierre: «Certainement tu es aussi de ces gens-là, car ton langage te trahit.» Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer qu’il ne connaissait pas cet homme. Et aussitôt le coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole que Jésus avait dite: «Avant que le coq chante, tu Me renieras trois fois.» Alors, étant sorti, il pleura amèrement. Dès le matin, les Princes des prêtres et les Anciens du peuple tinrent conseil tous ensemble contre Jésus pour Le faire mourir. Et L’ayant lié, ils L’emmenèrent et Le livrèrent au gouverneur Ponce-Pilate.
Désespoir de Judas
Alors Judas, qui L’avait trahi, voyant qu'’Il était condamné, se repentit et reporta les trente pièces d’argent aux Princes des prêtres et aux Anciens en disant: «J’ai péché en livrant le sang innocent» Mais ils lui dirent: «Que nous importe? c’est ton affaire.» Jetant alors les pièces d’argent dans le Temple, il s’éloigna et alla se pendre. Mais les Princes des prêtres ramassèrent les pièces d’argent et dirent: «Il n’est pas permis de les mettre dans le trésor, parce que c’est le prix du sang.» Et ayant délibéré, ils en achetèrent le champ d’un potier pour y enterrer les étrangers. C’est pour cela qu’on appelle ce champ aujourd’hui encore Haceldama, c’est-à-dire champ du sang. Alors s’accomplit cette parole du Prophète Jérémie: «Ils prirent les trente pièces d'argent, prix auquel L’avaient estimé les enfants d’Israël, et ils les donnèrent pour le champ d’un potier, comme le Seigneur me l’avait ordonné.»
Jésus chez Pilate
Jésus comparut devant le Gouverneur, et le Gouverneur L'interrogea: «Es-Tu le Roi des Juifs?» Jésus lui répondit: «Tu le dis.» Et comme les Princes des prêtres et les Anciens L’accusaient, Il ne répondit rien. Pilate Lui dit alors: «N’entends-Tu pas quelles accusations ils portent contre Toi?» Il ne lui répondit pas un seul mot, au grand étonnement du Gouverneur.
À chaque fête le Gouverneur avait coutume d’accorder à la foule la grâce d’un prisonnier qu’elle choisissait. Or il y avait alors un prisonnier célèbre, nommé Barabbas. Comme le peuple était rassemblé, Pilate leur dit: «Qui voulez-vous que je vous délivre, Barabbas ou Jésus qu’on appelle le Christ?» Il savait, en effet, que c’était par envie qu’ils L’avaient livré. Pendant qu’il siégeait à son tribunal, sa femme lui envoya dire: «N'aie pas d'affaire avec ce Juste, car j'ai été fort tourmentée en songe aujourd’hui à cause de Lui.» Mais les Princes des prêtres et les Anciens persuadèrent le peuple de réclamer Barabbas et de faire périr Jésus. Le Gouverneur prit la parole et leur dit: «Lequel des deux voulez-vous que je vous délivre?» Ils répondirent: «Barabbas.» Pilate leur dit: «Que ferais-je donc de Jésus, qu’on appelle le Christ?» Is répondirent tous: «Qu’Il soit crucifié!» Le Gouverneur leur dit: «Quel mal a-t-Il donc fait?» Mais ils crièrent encore plus fort: «Qu’Il soit crucifié!» Pilate, voyant qu’il ne gagnait rien mais que le tumulte croissait de plus en plus, prit de l’eau et se lava les mains devant la foule en disant: «Je suis innocent du sang de ce Juste; vous aviserez vous-mêmes.» Et tout le peuple répondit: «Que Son sang retombe sur nous et sur nos enfants!» Alors il leur délivra Barabbas, et après avoir fait flageller Jésus, il Le leur livra pour être crucifié. Les soldats du Gouverneur, emmenant alors Jésus au prétoire, rassemblèrent toute la cohorte autour de Lui et L'ayant dépouillé de Ses vêtements, ils Lui mirent un manteau de pourpre; puis, tressant une couronne d'épines, ils la Lui mirent sur la tête et un roseau dans la main droite, et fléchissant le genou devant Lui, ils se moquaient de Lui en disant: «Salut, Roi des Juifs!» Et Lui crachant au visage, ils prenaient le roseau et Lui en frappaient la tête. Après s’être ainsi joués de Lui, ils Lui ôtèrent le manteau, Lui remirent Ses habits et L’emmenèrent pour Le crucifier.
Le chemin de croix et le crucifiement
Comme ils sortaient, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, nommé Simon; ils le réquisitionnèrent pour porter la croix de Jésus. Ils arrivèrent au lieu appelé Golgotha, c’est-à-dire le lieu du Calvaire, et ils Lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel; l’ayant goûté, Il n’en voulut point boire. Après L’avoir mis en croix, ils se partagèrent Ses vêtements, les tirant au sort, afin que s’accomplît ce qui avait été dit par le Prophète: «Ils se sont partagé Mes vêtements et ils ont tiré Ma robe au sort.» Et s’étant assis, ils Le gardaient. Ils placèrent au-dessus de Sa tête une inscription marquant Son crime: «Celui-ci est Jésus, le Roi des Juifs.» On crucifia alors avec Lui deux voleurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Les passants L'insultaient, hochant la tête et disant: «Eh bien, Toi qui détruis le temple de Dieu et le rebâtis en trois jours, sauve-Toi Toi-même; si Tu es le Fils de Dieu, descends de la croix.» De même les Princes des prêtres plaisantaient avec les Scribes et les Anciens et disaient: «Il a sauvé les autres et ne peut Se sauver Lui-même; s’Il est le Roi d’Israël, qu’Il descende de la croix maintenant et nous croirons en Lui. Il a confiance en Dieu: qu’Il Le délivre à présent, s’Il le veut, puisqu’Il a dit: Je suis le Fils de Dieu.» Les voleurs crucifiés avec Lui, Lui adressaient les mêmes injures.
La mort de Jésus
Dès la sixième heure, les ténèbres s’étendirent sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure. À la neuvième heure, Jésus poussa un grand cri, disant: «Éli, Éli, lamma sabacthani?» c’est-à-dire: «Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi M’avez-Vous abandonné?» Quelques-uns de ceux qui étaient là, en L’entendant, disaient: «Il appelle Élie» Et aussitôt l’un d’eux courut prendre une éponge, la remplit de vinaigre, et la plaçant sur un roseau, il Lui donna à boire. Les autres disaient: «Laisse, voyons si Élie viendra Le délivrer.» Mais Jésus poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit.
(Tous se mettent à genoux et le célébrant fait une pause de quelques instants.)
Et voici que le voile du Temple se déchira, de haut en bas. La terre trembla, les rochers se brisèrent, les tombeaux s’ouvrirent, et beaucoup de corps de saints qui étaient morts ressuscitèrent; et sortant de leurs tombeaux après la Résurrection de Jésus, ils vinrent dans la ville sainte et apparurent à plusieurs. Le Centurion et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, voyant le tremblement de terre et ce qui se passait, furent saisis d’une grande frayeur et dirent: «Vraiment, cet Homme était le Fils de Dieu.» Il y avait là aussi beaucoup de femmes qui regardaient de loin: celles qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée et Le servaient; parmi elles se trouvaient Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée.
Ensevelissement de Jésus
Le soir tombé, un homme riche d’Arimathie, nommé Joseph, qui était lui aussi Disciple de Jésus, alla trouver Pilate et lui demanda le corps de Jésus. Pilate ordonna qu’on le lui remit. Ayant pris le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul blanc et le plaça dans un tombeau neuf qu’il avait fait creuser pour lui dans le roc; puis il roula une grande pierre à l’entrée du tombeau et s’en alla. Il y avait là Marie-Madeleine et l’autre Marie, assises près du tombeau.
Le célébrant dit ici:
Seigneur, daignez me bénir. Que le Seigneur soit dans mon cœur et sur mes lèvres, pour que je puisse annoncer dignement Son saint Évangile. Ainsi soit-il.
Les Juifs gardent le sépulcre
Le lendemain, c’est-à-dire le jour qui suivait la Préparation, les Princes des prêtres et les Pharisiens se rendirent ensemble chez Pilate et lui dirent: «Seigneur, nous nous sommes rappelés que cet imposteur a dit, de Son vivant: Après trois jours, Je ressusciterai. Donnez donc l’ordre de garder Son tombeau jusqu’au troisième jour, de peur que Ses Disciples ne viennent dérober Son corps et ne disent au peuple: Il est ressuscité d’entre les morts, et cette nouvelle erreur serait pire que la première.» Pilate leur dit: «Vous avez des gardes; allez, gardez-le comme vous l’entendez.» Ils s’en allèrent donc et firent garder le tombeau par des gardes après avoir scellé la pierre.
R. Louange à Vous, Seigneur.