Temps après la Pentecôte
Cette section ouvre la seconde partie de l’Année liturgique et commence la longue période du Temps après la Pentecôte. Il traite des fêtes de la très sainte Trinité, du Saint-Sacrement et du Sacré-Cœur de Jésus. À la suite des sublimes tableaux où s’est déroulée progressivement sous nos yeux, par les faits de l’Histoire de l’Homme-Dieu, l’économie divine de la Rédemption, elles forment un ensemble profond et tout dogmatique où se résume comme dans une synthèse merveilleuse le christianisme entier. L’Esprit-Saint, descendu pour sanctifier la terre, devait établir, comme point de départ de Ses divines opérations dans les âmes, la foi qui est l’unique base de toute sanctification, et d’où procède l’amour. Il le fait, en poussant l’Église, qui vient de s’éveiller à la vie sous Son souffle impétueux, à proposer dès l’abord aux fidèles, dans la sainte Liturgie, l’enseignement complet que présentent les trois solennités faisant suite à celle de la Pentecôte. Nous Le verrons, dans les pages suivantes, poursuivre Son œuvre, et bâtir, sur ce fondement solide de la foi posé à l’origine, l’édifice complet des vertus chrétiennes. Après la solennité de la Pentecôte et son Octave, la marche de l’Année liturgique nous introduit dans une période nouvelle, qui diffère totalement de celles que nous avons parcourues jusqu’ici. Depuis l’ouverture de l’Avent, qui est le prélude de la fête de Noël, jusqu’à l’anniversaire de la descente du divin Esprit, nous avons vu se dérouler toute la suite des mystères de notre salut. La série des temps et des solennités retraçait un drame sublime qui nous tenait en haleine et qui vient de se consommer. Nous ne sommes cependant parvenus encore qu’à la moitié de l’année. Cette dernière partie du temps n’est pas pour cela dépourvue de mystères ; mais, au lieu d’exciter notre attention par l’intérêt toujours croissant d’une action qui se précipite vers son dénouement, la sainte Liturgie va nous offrir une succession presque continuelle d’épisodes variés, les uns glorieux, les autres touchants, apportant chacun son élément spécial pour le développement des dogmes de la foi, ou pour l’avancement de la vie chrétienne, jusqu’à ce que le Cycle étant achevé, il s’évanouisse, pour faire place à un nouveau, qui retracera les mêmes événements, et répandra les mêmes grâces sur le corps mystique du Christ. Dans la Liturgie romaine, les dimanches dont se compose cette série sont désignés sous le nom de Dimanches après la Pentecôte. Cette appellation est la plus convenable, ainsi que nous le ferons voir au chapitre suivant, et elle a sa base dans les plus anciens Sacramentaires et Antiphonaires ; mais elle ne s’est établie que progressivement dans les Eglises au sein desquelles régnait cependant la Liturgie romaine. C’est ainsi que nous voyons sur le Comes d’Alcuin, qui nous reporte au VIII° siècle, la première série de ces dimanches désignée sous le nom de Dimanches après la Pentecôte ; la deuxième intitulée Semaines après la fête des Apôtres (post Natale Apostolorum) ; la troisième appelée Semaines après la Saint-Laurent (post Sancti Laurentii) ; la quatrième indiquée sous le nom de Semaines du septième mois (septembre) ; la cinquième enfin, portant l’appellation de Semaines après la Saint-Michel (post Sancti Angeli) : cette dernière série allant jusqu’à l’Avent. Beaucoup de Missels des Églises de l’Occident présentent, jusqu’au XVI° siècle, ces divers partages du Temps après la Pentecôte, expriment d’une manière variée selon les fêtes des Saints qui servaient comme de date dans les divers diocèses en cette partie de l’année. Le Missel romain publié par saint Pie V s’étant répandu successivement dans les Églises latines, a fini par rétablir l’antique dénomination, et le temps de l’Année liturgique auquel nous sommes parvenus n’est plus désigné désormais que sous le nom de Temps après la Pentecôte (post Pentecosten).Historique du Temps après la Pentecôte
Cette période de l’Année liturgique, qui embrasse un peu plus ou un peu moins de six mois, selon le mouvement de la Pâque, a toujours conservé la forme qu’elle garde aujourd’hui. Mais, quoiqu’elle n’admette que des solennités et des fêtes détachées, l’influence du Cycle mobile s’y fait cependant sentir encore. Le nombre des semaines qui la composent peut s’élever jusqu’à vingt-huit, et descendre jusqu’à vingt-trois. Le point de départ est déterminé par la fête de Pâques, qui se meut dans l’intervalle du 22 mars au 25 avril, et le point de conclusion par le premier dimanche de l’Avent, qui ouvre un nouveau Cycle, et qui est toujours le dimanche le plus proche des calendes de décembre.