Vingt-et-unième Dimanche après la Pentecôte - Le débiteur

La robe nuptiale
« Son maître irrité le livra aux exécuteurs »

Considérations

« Son maître irrité le livra aux exécuteurs » (Évangile)


Comme dimanche dernier, les lectures de l'office divin que l'on fait en ce dimanche, sont empruntées aux livres des Machabées. Voici comment saint Jean Chrysostome rappelle ce que furent le rôle et le courage magnifique de ces vaillants défenseurs du peuple de Dieu: « Antiochus Épiphane ayant envahi la Judée et forcé beaucoup de Juifs à renoncer aux saintes pratiques de leurs pères, les Machabées tinrent ferme sans se laisser ébranler par ces épreuves. Parcourant tout le pays, ils rassemblèrent tout ce qu’ils rencontraient de membres encore sains et fidèles; et quant à ceux qui s’étaient laissé abattre ou corrompre, ils en ramenèrent aussi un grand nombre en les pressant de revenir à la foi de leurs pères. Par leurs exhortations, ils mirent sur pied une armee d’hommes d’une vaillance exceptionnelle, qui combattaient, nor pour leurs femmes, leurs enfants et leurs serviteurs, ni pour épargner au pays la ruine et l’esclavage, mais pour la foi de leurs pères et les droits de la nation. Dieu lui-même était leur chef. Aussi, quand ils se rangeaient en bataille et prodiguaient leur vie, l’ennemi était mis en déroute: ils étaient moins confiants dans leurs armes que dans la cause qui les armait, et ils pensaient qu’elle suffisait pour vaincre, à défaut même de toute armure. En marchant au combat, ils ne remplissaient pas l’air de vociférations ou de chants profanes, comme font certains peuples; il ne se trouvait point de joueurs de flûte parmi eux, comme dans les autres camps; mais ils priaient Dieu de leur envoyer d’en haut son secours, de les assister, de les soutenir, de leur prêter la main, puisqu’ils faisaient la guerre à cause de lui et combattaient pour sa gloire » (4e dim. d’octobre, 2e noct.).

La vie chrétienne est un combat où la gloire de Dieu et le salut de son peuple sont engagés. Dans ce combat que tout chrétien doit mener, apportons la même ardeur que les Machabées; souvenons-nous que pour nous comme pour eux, c’est la foi de nos pères qui est en jeu, le patrimoine de notre vie spirituelle, ce que nous devrions avoir de plus précieux. Toutes ces richesses qui nous viennent de Dieu et que, faibles humains, nous portons en nous dans des vases d’argile, sont sans cesse menacées par les forces du mal qui luttent contre Dieu. Le combat se mene non pas contre des hommes, dit saint Paul, mais contre le monde des esprits mauvais dont l’action est singulièrement puissante et pernicieuse. Et l’Apôtre de nous inviter à nous armer, pour cette lutte, des armes même de Dieu: la vérité, la justice, la foi, l’évangile de la paix et la parole de Dieu (Ép.) et l'introït de la messe nous invite à la confiance: « Tout est soumis à votre bon vouloir, Seigneur, et nul ne peut résister à votre volonté, car c’est vous qui avez fait toutes choses: le ciel, la terre, et toutes les créatures, vous êtes le maître de l’univers ». Le Graduel, la communion expriment les mêmes sentiments d'espérance invincible au milieu des pires adversités: on se sent affermi par ces calmes appels à un Dieu tout-puissant qui s’emploie à nous seconder. Fût-on soumis aux dures épreuves par où dut passer le saint homme Job, dont l’Église nous parlait il y a quelques semaines et que l’offertoire d’aujourd’hui nous rappelle encore, qu’il faudrait, comme lui, rester fidèle et redoubler de confiance en Dieu plutôt que de désespérer. — L’Église, qui sait les durs combats que nous avons à livrer, nous met sur les lèvres de magnifiques prières où les appels les plus pressants se doublent d’une incomparable sécurité (Voyez les trois oraisons). — Il reste cependant qu’en dépit de l’aide divine nous sommes trop lâches et trop inconstants pour mener la lutte sans jamais faiblir. C’est alors plus que jamais qu’il faut savoir faire appel à Dieu et recourir à la miséricorde divine. L’évangile nous rappelle qu’elle est sans mesure et ne peut nous manquer, à la condition que nous sachions nous-mêmes pardonner du fond du cœur à ceux qui nous ont offensés.

Liturgie de la Messe

Introït

(Esth. 13, 9-11) Toutes choses sont soumises à Votre pouvoir, Seigneur, et nul ne peut résister à Votre volonté: car c’est Vous qui avez fait toutes choses: le ciel, la terre, et tout ce qui existe sous la voûte du ciel: Vous êtes le maître de l’univers. — (Ps. 118, 1) Heureux ceux qui sont purs dans leurs voies, qui marchent dans la loi du Seigneur. Gloria Patri.

Collecte

Oraison. — Seigneur, gardez votre famille par une miséricorde continuelle, afin qu’ainsi protégée par vous, elle échappe à toute adversité et soit fidèle à vous servir dans la pratique des bonnes œuvres. Par Jésus-Christ, Votre Fils, N.-S...


L’Apôtre parle d’une lutte acharnée contre des ennemis invisibles qui nous lancent des traits enflammés. Le combat est terrible et il faut nous armer, de pied en cap, des armes puissantes que Dieu nous donne pour être à même de résister et de triompher.

Épître

Lecture de l’Épître du bienheureux Apôtre Paul aux Éphésiens (6, 10-17)
Frères, prenez force dans le Seigneur et dans la vigueur de sa puissance. Revêtez-vous de l’armure de Dieu afin de pouvoir tenir bon contre les manœuvres du démon. Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les principautés, contre les puissances, contre les maîtres de ce monde de ténèbres, contre les mauvais esprits répandus dans les régions célestes. Prenez donc l’armure de Dieu, afin de pouvoir résister, au jour mauvais, et demeurer en tout fermes et parfaits. Tenez donc ferme, ayant pris pour ceinture la vérité, pour cuirasse la justice, et pour chaussures l’empressement à annoncer l’Évangile de la paix. En toutes circonstances ayez au bras le bouclier de la foi avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin. Mettez aussi le casque du salut, et le glaive de l’Esprit, qui est la parole de Dieu.

Réflexion sur l'Épître

Élevons-nous, avec saint Paul, à la hauteur de notre vocation sainte. En qualité de chrétiens, nous sommes les soldats de Jésus-Christ; notre vie sur la terre doit être un continuel combat. Et contre qui devons-nous combattre? Contre nous-mêmes, hommes de chair et de sang, esclaves de la concupiscence et du péché; contre le monde et tous les partisans de ses fausses maximes; contre l’enfer, dont les puissances invisibles sèment perpétuellement sous nos pas l’artifice et l’embûche. Pour résister à tant d’ennemis, où trouverons-nous des armes? La religion nous en présente qui sont spirituelles et toutes-puissantes: l’amour de la vérité, la pratique des vertus, la méditation de l’Évangile, la sainte parole de Dieu, une foi vive, l’espérance du salut, et surtout la prière. Couverts d’une telle armure, marchons avec ardeur au combat. Il s’agit de notre âme, de notre éternité, de la possession de Dieu. Jésus-Christ, notre Chef, nous assiste du haut du Ciel. Invoquons-Le du fond de nos cœurs; Il ne permettra pas que nous soyons vaincus. (Abbé Janvier)

Graduel

(Ps. 89, 1-2) Seigneur, vous avez été un asile pour nous d’âge en âge. ℣. Avant que les montagnes fussent nées, et enfantés la terre et le monde, d’éternité en éternité, vous êtes, ô Dieu.

Alléluia, alléluia. (Ps. 101, 2) ℣. Quand Israël sortit d’Égypte, et la maison de Jacob du milieu d’un peuple barbare. Alléluia.


«Nous montrer implacables pour une injure reçue, dit saint Jérôme, et refuser toute réconciliation pour une parole amère, n’est-ce pas nous condamner nous-mêmes? Dieu nous traitera suivant les dispositions intimes de notre cœur; si nous ne pardonnons pas, il ne nous pardonnera pas, et ce n’est pas un pardon purement extérieur qu’il veut: chacun doit pardonner à son frère « du fond du cœur » s’il veut être pardonné au dernier jour » (Matines).

Le débiteur

Évangile

Suite du saint Évangile selon saint Matthieu (18, 23-35).
En ce temps-là, Jésus dit à Ses disciples cette parabole: «Le royaume des cieux est semblable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Lorsqu’il se mit à les régler, on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents. Comme il n’avait pas de quoi les rendre, son maître donna l’ordre de le vendre, lui, sa femme et ses enfants, et tout ce qu’il possédait et d’acquitter la dette. Le serviteur, se jetant à ses pieds, le conjura en disant: Prenez patience envers moi et je vous rendrai tout. Pris de pitié, le maître de ce serviteur le mit en liberté et lui remit sa dette. Mais, à peine sorti, ce serviteur rencontra un de ses compagnons qui lui devait cent deniers. Il se saisit de lui et l’étranglait en disant: Rends ce que tu dois. Et son compagnon, se jetant à ses pieds, le conjurait en disant: Prends patience envers moi et je te rendrai tout. Mais il ne le voulut point et, s’en allant, il le fit mettre en prison jusqu’à ce qu’il eût payé sa dette. Voyant cette façon de faire, les autres serviteurs en furent tout attristés et s’en vinrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. Le maître alors fit appeler le serviteur et lui dit: Mauvais serviteur, je t’ai remis toute ta dette parce que tu m’en as prié; ne fallait-il pas avoir pitié, toi aussi, de ton compagnon, comme j’avais eu pitié de toi? Et le maître, irrité, le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il payât l’entièreté de sa dette. C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun ne pardonne pas à son frère du fond du cœur». — Credo.

Réflexion sur l'Évangile

Pourquoi ne pardonnez-vous pas à votre frère le mal qu’il vous a fait? N’avez-vous donc rien à vous reprocher envers Dieu? Mille fois vous L’avez offensé par le péché, mille fois Sa
miséricorde vous a pardonné. Vous L’offensez encore, et Il vous pardonne de nouveau. Et vous ne voulez pas faire une fois pour les autres ce que Dieu ne cesse point de faire pour vous? Homme dur et sans entrailles, vous vous trompez vous-même! La bonté de Dieu cessera pour vous là où s’arrêtera votre charité pour vos frères. Ne dites-vous pas tous les jours: Seigneur, pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés? Prenez garde: vous articulez votre propre condamnation. Oui, Dieu exaucera votre prière. Vous avez refusé le pardon aux autres: Il ne vous pardonnera pas non plus. Quand vous paraîtrez au pied de Son tribunal, Il vous livrera sans pitié aux anges exécuteurs de Sa justice. Et vous serez précipité dans cette prison de l’enfer, où l’on ne peut plus s’acquitter parce que la dette est éternelle. (Abbé Janvier)

Sources: Missel quotidien et vespéral, par Dom Gaspar Lefebvre et les Bénédictins de l'Abbaye de St-André, Apostolat Liturgique, Bruges, 1951
Épîtres et Évangiles des dimanches et des principales Fêtes de l’année, avec des Réflexions, par M. l’abbé Pierre-Désiré Janvier, Doyen du Chapitre de l’Église métropolitaine de Tours, Maison Mame, 1938