Les trois grandes figures qui préoccupent l’Église pendant l’Avent se retrouvent dans cette messe. C’est Isaïe, Jean-Baptiste et la Vierge Marie. L’évangile nous montre saint Jean-Baptiste réalisant dans sa personne et par sa prédication la prophétie d’Isaïe; c’est lui la «voix qui crie dans le désert: préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers... et toute chair verra le salut de Dieu». Commentant la prédication du Précurseur, saint Grégoire explique que la colère à venir dont Jean menace ses auditeurs, c’est le châtiment final, que le pécheur ne pourra fuir que s’il se décide à faire pénitence: «L’ami de l’Époux nous avertit de faire, non seulement des fruits de pénitence, mais de dignes fruits de pénitence. Ces paroles sont un appel à la conscience de chacun, l’invitant à acquérir par la pénitence un trésor de bonnes œuvres d’autant plus grand qu’il s’est causé de plus grands dommages par le péché» (3e nocturne). On voit comment le dernier avènement reste à l’horizon de la pensée de l’Église; c’est toujours lui qui se prépare à travers les avènements présents. L’épître de la messe nous parle également du second avènement. En rappelant le souvenir de la Vierge Marie et la place de premier plan qui sera la sienne dans le mystère de Noël, la communion et l’offertoire nous ramènent à la naissance de Bethléem. — La communion reprend le texte de la prophétie d’Isaïe annonçant, sept siècles à l’avance, l’enfantement virginal: une Vierge concevra et enfantera l’Emmanuel. L’offertoire est une délicate et pure louange où l’Église, se servant des paroles mêmes de l’Ange Gabriel et de sainte Élisabeth, proclame la bénédiction transcendante que Marie reçut de Dieu en engendrant l’Homme-Dieu, béni entre tous les hommes. «Gabriel, nom qui signifie force de Dieu, est envoyé à Marie, écrit saint Grégoire, parce qu’il venait annoncer le Messie, qui a voulu paraître dans l’humiliation et l’abaissement pour dompter toutes les puissances du mal. Il fallait donc que ce fût par Gabriel, qui est la force de Dieu, que fût annoncé celui qui venait comme le Seigneur des vertus, le Tout-Puissant et l’Invincible dans les combats, pour terrasser toutes les puissances du mal » (Sermon 35e). — L’oraison fait allusion à cette «grande force» du Seigneur, qui, avant de se déployer dans le second avènement, se manifeste dès le premier, puisque c’est revêtu de notre humanité faible et mortelle que Jésus vainquit le démon. En songeant à la venue toute proche de Jésus, notre libérateur, redisons toujours avec plus d’instance l’appel de l’Église: «Venez, Seigneur, ne tardez plus.» Si la vigile de Noël tombe un dimanche, on dit la messe de la vigile. (Is. 45, 8) Cieux, répandez d’en haut Votre rosée et que les nuées fassent pleuvoir le juste! Que la terre s’ouvre et produise le Sauveur. — Psaume. Les cieux racontent la gloire de Dieu, et le firmament publie l’œuvre de Ses mains. Gloria Patri. Réveillez Votre puissance, Seigneur, et venez; employez Votre grande force à nous secourir, pour qu’une indulgente pitié vienne hâter par Votre grâce ce qu’arrêtent nos péchés. Vous qui, étant Dieu, vivez et régnez... Lecture de l’Épître du bienheureux Apôtre Paul aux Corinthiens (I Cor. 4, 1-5) Les ministres de Jésus-Christ, ces dispensateurs des mystères de Dieu, dont parle ici l’Apôtre, ce sont les pasteurs, et en général tous les prêtres, à qui l’Église a confié le soin de nos âmes. Quel respect ne leur devons-nous pas pour un si sublime caractère! quelle reconnaissance et quel amour pour tant de grâces dont ils sont les perpétuels distributeurs! C’est le prêtre, en effet, qui à notre naissance nous régénère par l’eau du baptême et nous fait enfants de Dieu, frères de Jésus-Christ, héritiers du ciel. C’est le prêtre qui, dès nos plus tendres années, nous initie aux éléments de la foi, ouvre notre âme à la connaissance et à l’amour du bien, jette en elle les premières semences de la vertu, la rend digne du banquet divin de l’Eucharistie, et pose ainsi le plus solide fondement de notre bonheur dans cette vie et dans l’autre. C’est le prêtre qui, chaque matin, ouvre les Cieux sur nos têtes, fait descendre Jésus-Christ sur l’autel, et immole de ses mains l’auguste victime qui ôte les péchés du monde. Sept fois le jour, il élève son cœur et ses prières pour nous vers Dieu. Au saint tribunal, il nous absout de nos crimes et nous rend notre innocence et nos droits. Sommes-nous malades, il accourt nous munir de l’onction sainte et du pain des forts. À notre dernière heure il se tient à nos côtés, nous protège contre la crainte de la mort, les assauts de l’enfer, et donne à notre âme cet essor suprême qui doit la conduire dans le sein de Dieu. Oui, les mains du prêtre sont vraiment toutes pleines des dons de la grâce et des richesses du ciel! Allons donc à lui avec respect, amour et confiance; allons-y souvent: après avoir péché, pour nous réconcilier avec Dieu; dans nos peines, pour retrouver la joie et la paix; dans nos tentations et nos doutes, pour recevoir la lumière et la sagesse de ses conseils. Il est notre guide, notre consolateur, notre ami, notre père. Gardons-nous de juger et de critiquer sa conduite, l’Apôtre nous le défend. C’est assez que Dieu doive un jour lui demander compte de son redoutable ministère. Efforçons-nous plutôt, en profitant de ses avis, d’alléger son fardeau, et de lui rendre plus facile ce compte rigoureux qu’il devra subir touchant le salut de nos âmes. (Abbé Janvier) (Ps. 144, 18 et 21) Le Seigneur est proche de quiconque L’invoque, de quiconque L’invoque avec sincérité, ℣. Ma bouche dira la louange du Seigneur; que toute chair bénisse Son saint nom. Alléluia, alléluia. ℣. Venez, Seigneur, et ne tardez plus; pardonnez les crimes d’Israël Votre peuple. Alléluia. Le cri austère du Précurseur a retenti: quittons les soucis du monde, et courons écouter ce prédicateur de la pénitence. Le temps presse: il s’agit de préparer la voie au Seigneur Jésus, et de nous disposer à Sa naissance dans nos âmes. Pour que les chemins raboteux soient aplanis, il faut que notre cœur souffre violence. Le bois qu’on veut aplanir doit longtemps gémir sous le rabot de l’artisan: de même, on ne réduit pas sans un dur travail les passions orgueilleuses qu’on veut abaisser, les habitudes de mollesse et les défauts qu’on veut corriger, les intentions mauvaises qu’on veut rectifier. Pour vous redresser, sachez-le, il vous faut une main non seulement ferme, mais encore rude et sévère. Toutefois ne désespérez pas: les grandes difficultés ne sont qu’au commencement. À mesure que l’ouvrage avancera, l’effort deviendra plus doux; à la fin les légères inégalités disparaîtront comme d’elles-mêmes, et vous demeurerez ainsi tout uni sous la main divine, digne de voir venir en vous le Salut de Dieu. (Abbé Janvier) Sources: Missel quotidien et vespéral, par Dom Gaspar Lefebvre et les Bénédictins de l'Abbaye de St-André, Apostolat Liturgique, Bruges, 1951Quatrième dimanche de l’Avent – Prédication de Jean-Baptiste

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Épître
Frères, il faut que les hommes nous considèrent comme les ministres du Christ et les dispensateurs des mystères de Dieu. Or ce qu’on exige des dispensateurs, c’est qu’on les trouve fidèles. Pour moi, il m’importe fort peu d’être jugé par vous ou par un tribunal humain, et je ne me juge pas non plus moi-même. Je n’ai conscience de rien; cependant je ne suis point justifié par là: Celui qui me juge, c’est le Seigneur. C’est pourquoi ne jugez pas avant le temps, avant que vienne le Seigneur, qui éclairera ce qui est caché dans les ténèbres et manifestera les desseins des cœurs. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui revient.Réflexion sur l'Épître
Graduel
Évangile
Suite du saint Évangile selon saint Luc (3, 1-6).
La quinzième année du règne de Tibère César, alors que Ponce-Pilate était gouverneur de Judée, Hérode tétrarque de la Galilée, Philippe, son frère, tétrarque d’Iturée et de Trachonitide, Lysanias tétrarque d’Abilène; sous le souverain sacerdoce d’Anne et de Caïphe, la parole du Seigneur se fit entendre à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. Et il parcourut toute la région du Jourdain, prêchant le baptême de pénitence pour la rémission des péchés, ainsi qu’il est écrit au livre des oracles du prophète Isaïe: «Voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits Ses sentiers; toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline sera abaissée; ce qui est tortueux sera redressé et ce qui est raboteux sera aplani. Et toute chair verra le salut de Dieu.»Réflexion sur l'Évangile
Épîtres et Évangiles des dimanches et des principales Fêtes de l’année, avec des Réflexions, par M. l’abbé Pierre-Désiré Janvier, Doyen du Chapitre de l’Église métropolitaine de Tours, Maison Mame, 1938