Dix-huitième Dimanche après la Pentecôte - La guérison du paralytique

La guérison du paralytique
« Aie confiance, Mon fils, tes péchés te sont remis. »

Considérations

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Évangile)

Au lendemain des Quatre-Temps, les lectures du Bréviaire sont empruntées au livre de Judith; S. Ambroise en prend occasion, au 2e nocturne, pour encourager les fidèles à pratiquer le jeûne et l’abstinence qui assurent à ceux qui s’y adonnent d’aussi grandes victoires.

On connaît l’histoire de Judith, cette femme courageuse qui délivra le peuple juif en tranchant la tête d’Holopherne, le chef de l’armée assyrienne. Le jeûne et la prière l’avaient rendue maîtresse d’elle-même et forte du secours de Dieu.

S. Ambroise au 2e nocturne du 4e dimanche de septembre commente cette page de la Bible en disant: « Ce fut par la force de sa sobriété que Judith coupa la tête d’Holopherne. Armée du jeûne, elle pénétra hardiment au milieu du camp ennemi. Le jeûne d’une seule femme a vaincu des troupes innombrables d’Assyriens ». La messe du samedi des Quatre-Temps, qui était autrefois celle de ce 18e dimanche après la Pentecôte, est remplie de sentiments analogues. Les oraisons implorent le secours de la miséricorde divine en s’appuyant sur le jeûne et l’abstinence qui nous rendent plus forts que nos ennemis. Les Graduels sont autant d’appels au pardon et au secours du Seigneur: « Venez à notre aide, ô Dieu notre Sauveur, délivrez-nous pour la gloire de Votre nom ». « Jusques à quand détournerez-Vous Votre visage; prenez en pitié le sort de Vos serviteurs ». Les lectures font toutes allusion à la miséricorde de Dieu à l’égard de Son peuple pénitent: « Ainsi parle le Seigneur des armées: Comme J’ai eu le dessein de faire du mal à vos pères quand ils ont provoqué Ma colère, ainsi ces jours-ci J’ai le dessein de faire du bien à la maison de Jérusalem ».

Lorsqu’on n’attendit plus le samedi soir pour célébrer la messe d’ordinations, on emprunta, pour le 18e dimanche après la Pentecôte, la messe qui avait été composée au VIe siècle pour la dédicace de l’Église Saint-Michel à Rome et qui fut célébrée le 29 septembre. Aussi tous les chants se rapportent-ils à la consécration d’une église. « Je fus dans la joie quand on me dit: nous irons dans la maison du Seigneur » (Verset de l'introït et Graduel). « Moïse consacra un autel au Seigneur », dit l’offertoire. « Entrez dans les parvis du Seigneur, et adorez-le dans Son saint temple », ajoute la communion. — En ces derniers dimanches de l’année liturgique où l’Église va nous rappeler avec insistance le retour du Christ, lorsqu’Il viendra à la fin des temps pour nous introduire dans la maison de Son Père, tous ces chants qui nous parlent du temple de Dieu sont une évocation du Ciel, le temple éternel où tous les peuples sont appelés à entrer.

Appartenir à l’Église c’est déjà être entré dans la maison du Seigneur et puiser à plein aux richesses du salut que le Christ nous y départit: S. Paul le rappelle et en rend grâces à Dieu dans l’épître; mais en un sens très réel aussi, la maison du Seigneur c’est la Jérusalem du Ciel où il nous reste à entrer après avoir appartenu à celle de la terre et nous y être préparés, « au jour de l’avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ » (Ép.). Nous jouissons déjà dans l’Église, de la paix, la vraie paix du Christ promise par les prophètes, et l’Église nous la fait demander encore pour en jouir un jour en plénitude (Intr., Grad.). L’Église de la terre, c’est la cité des cieux qui déjà se construit. Nous y bénéficions, par le ministère des prêtres, du pardon des péchés que le Christ est seul à pouvoir nous remettre (Év.), du Sacrifice de la Messe et de l’Eucharistie qui nous donnent de participer de plus en plus à la vie divine et nous préparent à la vie éternelle (Secr., poste.).

Liturgie de la Messe

Introït

(Eccli. 36, 18) — Donnez la paix, Seigneur, à ceux qui mettent en Vous leur attente: pour que Vos prophètes soient trouvés véridiques; exaucez les prières de Votre serviteur et d’Israël Votre peuple. — Ps. Je fus dans la joie quand on me dit: nous irons dans la maison du Seigneur. Gloria Patri.

Collecte

Oraison. — Dans Votre miséricorde, Seigneur, venez diriger nos cœurs, car nous sommes, sans Vous, impuissants à Vous plaire. Par Jésus-Christ, Votre Fils, N.-S...

La prédication évangélique est un témoignage rendu au Christ. Ceux qui l’acceptent, reçoivent les dons célestes en surabondance et peuvent attendre avec confiance le glorieux avènement de Jésus à la fin des temps.

Épître

Lecture de l’Épître du bienheureux Apôtre Paul aux Corinthiens (I Cor. 1, 4-8)
Frères, je rends pour vous à mon Dieu des actions de grâces continuelles pour la grâce de Dieu qui vous a été donnée dans le Christ Jésus. Car vous avez été enrichis de toute manière en Lui, par toute sorte de parole et de science, le témoignage du Christ ayant été solidement établi parmi vous. De sorte qu’il ne vous manque aucun don de grâce, en attendant la manifestation de Notre-Seigneur Jésus-Christ; c’est Lui qui vous gardera irréprochables jusqu’à la fin, au jour de l’avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Réflexion sur l'Épître

N’avons-nous pas aussi, comme saint Paul, de continuelles actions de grâces à rendre à Dieu? De quelles richesses spirituelles ne nous a-t-Il pas comblés au nom et par les mérites de Son divin Fils? Grâce à Son infinie bonté, nous sommes devenus les enfants de Dieu, les frères de Jésus-Christ. Il nous a donné Sa vérité pour nous guider, le sein de Son Église pour nous recevoir, Ses sacrements pour nous relever et nous nourrir, Ses grâces et Ses inspirations pour nous ranimer, l’espérance de Sa gloire pour nous consoler. – Aimable Jésus! ne permettez pas que j’abuse de si grands dons. Affermissez-moi dans Votre amour. Gardez mon esprit et mon corps purs, afin qu’au jour de ma mort je sois trouvé irréprochable à Vos yeux, et que j’aie enfin le bonheur de Vous contempler dans le Ciel. (Abbé Janvier)

Graduel

(Ps. 121, 1 et 7) Je fus dans la joie quand on me dit: nous irons à la maison du Seigneur. ℣. Que la paix soit dans ton enceinte, et l’abondance dans tes palais!

Alléluia, alléluia. (Ps. 101, 2) ℣. Les nations révéreront Votre nom, Seigneur, et tous les rois de la terre Votre gloire. Alléluia.

La paralysie, qui enlève le mouvement au corps, est une image du péché qui ôte la vie à l’âme. « Oh! si nous voulions voir, dit S. Pierre Chrysologue, la paralysie qui envahit notre âme, ou considérer notre âme privée de vertus et remplie de vices, de quel éclat le Christ ne brillerait-il pas à nos yeux et comment ne recourrions-nous alors pas aux remèdes salutaires qu’il s’empresse de nous donner? » (Homélie du jour).

Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi?

Évangile

Suite du saint Évangile selon saint Matthieu (9, 1-8).
En ce temps-là, Jésus montant dans une barque, repassa le lac et vint dans Sa ville. Et voici qu’on Lui amena un paralytique étendu sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : « Aie confiance, Mon fils, tes péchés te sont remis ». Et voilà que certains des scribes se dirent en eux-mêmes: « Cet homme blasphème ». Jésus, voyant leurs pensées, leur dit: « Pourquoi pensez-vous le mal dans vos cœurs? Qu’y a-t-il, en effet, de plus facile, de dire: tes péchés te sont remis; ou de dire: lève-toi et marche? Or donc, pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés: Lève-toi, dit-Il au paralytique, prends ton lit et va dans ta maison ». Et il se leva et s’en alla dans sa maison. Les foules, voyant cela, furent remplies de crainte et glorifièrent Dieu, qui a donné un si grand pouvoir aux hommes. — Credo.

Réflexion sur l'Évangile

Jésus-Christ a montré qu’Il était Dieu en remettant les péchés. Il a prouvé qu’Il avait ce pouvoir invisible, en faisant d’éclatants miracles qu’un Dieu seul pouvait faire. Et, afin que ce pouvoir pût profiter aux hommes de tous les siècles et de tous les pays, Il l’a transmis aux prêtres, Ses ministres, dans le sacrement de pénitence. Allons donc à eux. Notre conscience est chargée d’iniquités: voilà pourquoi, semblables à ce paralytique, nous sommes impuissants à faire le bien et à remplir nos devoirs. Bravons les railleries de l’incrédule. Accusons nos fautes avec douleur et confiance. Elles nous seront remises. Nous nous relèverons des pieds du prêtre pleins d’une force et d’une vie nouvelles. Nous pourrons alors glorifier Dieu par nos œuvres, et marcher d’un pas ferme, dans la voie de Ses commandements. (Abbé Janvier)

Sources: Missel quotidien et vespéral, par Dom Gaspar Lefebvre et les Bénédictins de l'Abbaye de St-André, Apostolat Liturgique, Bruges, 1951
Épîtres et Évangiles des dimanches et des principales Fêtes de l’année, avec des Réflexions, par M. l’abbé Pierre-Désiré Janvier, Doyen du Chapitre de l’Église métropolitaine de Tours, Maison Mame, 1938