La parabole de l’économe disgracié (Évangile) L'Esprit-Saint qui anime l'Église fait également de tous les fidèles les enfants de Dieu. C’est lui qui leur donne cet « esprit d'adoption des enfants » qui leur fait dire à Dieu en toute vérité «Abba, Père », et qui les constitue « héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ ». Mais pour mériter d’entrer un jour dans les tabernacles éternels (Év.), il faut des ici-bas, vivre en fils et se laisser conduire en tout par cet Esprit de Dieu qui doit être le véritable inspirateur de notre vie. C’est là la véritable sagesse des chrétiens, celle que l’Église nous fait demander dans la belle oraison de la messe d’aujourd'hui, et dont l'évangile nous dit qu’elle pousse la prévoyance de l’au-delà jusqu’à rivaliser d’habileté avec les « enfants du siècle » dans l’usage qu’ils font des richesses de la terre. Les lectures du Bréviaire continuent l’histoire de Salomon commencée dimanche dernier. — La sagesse du grand roi s’était employée à construire au Seigneur un Temple digne de sa gloire. Ce fut la grande œuvre de Salomon. Il mit trois ans à en faire préparer les matériaux: pierres énormes, cèdres, cyprès et toutes sortes de bois précieux, de l’or massif pour les candélabres et les vases sacrés, et des plaques d’or qui devaient recouvrir les autels et orner jusqu’aux plafonds du sanctuaire. Quand tout fut préparé, on commença la construction; elle dura sept ans, et lorsque les travaux furent achevés, Salomon fit de grandes fêtes pour consacrer solennellement le Temple du Seigneur. C’est à ces fêtes de la dédicace que Salomon prononça la grande et magnifique prière que la Bible nous a conservée et qui a inspiré maints passages de notre liturgie de la dédicace des églises. Les pièces de chant de la messe d’aujourd'hui résument à souhait les sentiments qui animaient Salomon dans son œuvre et dans sa prière: une grande idée de la majesté de Dieu et du respect dû aux lieux qu’il sanctifie par sa présence (Intr. All.), avec une confiance inébranlable dans la protection divine et dans l’immense bonté du Seigneur qui toujours relève son peuple et exauce sa prière (Intr., Grad.). Ps. 47, 10-11 — Nous avons reçu, Seigneur, Votre miséricorde au milieu de Votre temple. Comme Votre nom, Seigneur, ainsi Votre louange s’étend jusqu’aux confins de la terre; Votre droite est pleine de justice. — Ps. Grand est le Seigneur et très digne de louange, en la cité de notre Dieu, sur sa montagne sainte. Gloria Patri. Oraison. — Accordez-nous, Seigneur, de toujours penser et agir selon ce qui est droit, en sorte que n’existant que par vous, nous puissions aussi vivre selon Vous. Par Jésus-Christ, Votre Fils, notre Seigneur... S. Paul procède par paradoxes: Si vous vivez selon la chair, vous mourrez; si vous mourez à la chair, vous vivrez de la vie divine, c’est-à-dire de la vie que l’Esprit-Saint dépose par Sa grâce dans nos âmes et par laquelle nous devenons enfants du Père, frères du Christ, et héritiers avec Lui du Ciel où nous partagerons Sa gloire. Lecture de l’Épître du bienheureux Apôtre Paul (Romains 8, 12-17) Par le Baptême et par la Confirmation, Dieu m’a fait Son enfant adoptif: et je puis élever vers Lui avec une confiance toute filiale ce joyeux cri d’amour: Mon Père, mon Père. Mais le propre d’un enfant de Dieu, c’est d’agir par les mouvements de l’Esprit de Dieu. Cet esprit de sainteté habite en moi: il m’a été donné comme un gage de mon adoption. Je dois me tenir uni à lui, étouffer en moi les instincts de ma nature corrompue, régler d’après la volonté divine mes pensées, mes paroles et mes actions. En faisant ainsi mourir la chair par l’esprit, je n’aurai point à craindre ni la mort de l’âme, qui est le péché; ni la mort de la damnation, qui est l’enfer. Je vivrai, au contraire, ici-bas de la vie de la grâce, et au Ciel de la vie de la gloire. Car en m’adoptant comme Son fils, Dieu m’a fait aussi Son héritier. L’héritage de Dieu, ce sont les biens, les joies, les grandeurs infinies de l’éternité. J’y aurai part, si ma vie se trouve conforme à celle de Jésus, mon cohéritier et mon frère premier-né. (Abbé Janvier) Soyez pour moi un Dieu protecteur et un asile assuré, pour me sauver. ℣. En Vous, mon Dieu, j’ai mis mon espoir; Seigneur, que je ne sois pas confondu à jamais. Alléluia, alléluia. ℣. Grand est le Seigneur, et infiniment digne de louange, dans la cité de notre Dieu, sur Sa montagne sainte. Alléluia. Nous sommes peu habitués au langage des paraboles, et elles nous étonnent parfois. N'oublions pas que la comparaison employée ne porte le plus souvent que sur un point donné: Jésus loue ici l’habileté de l'intendant, sa prévoyance et le souci qu'il a de se sauver, mais non pas ses procédés malhonnêtes. — Faisons un bon usage des richesses de la terre; au lieu d'en faire des « richesses d’iniquité » en les employant à faire le mal, souvenons-nous que la charité est la clef qui nous ouvre le Ciel. Suite du saint Évangile selon saint Luc (16, 1-9). Comme ce maître à l’égard de son économe, Dieu vous a confié des richesses dont vous aurez à rendre compte. Peut-être sont-elles entre vos mains des richesses d’iniquité. Car quel usage en faites-vous? Ne les employez-vous point, au péché, au luxe, à la débauche? Comment les avez-vous acquises? N’est-ce point par l’injustice, par la dureté, ou au moins avec un empressement excessif ou au détriment du service de Dieu et des affaires de votre âme? Dans quelle disposition les possédez-vous? Ne les regardez-vous point comme les seuls vrais biens? N’y mettez-vous point votre amour et toute votre espérance? Ne les refusez-vous point aux besoins du prochain? Ah! employez-les à vous gagner des amis, avant que la mort vous les enlève. Ces amis, ce sont les pauvres, que vous sauverez du péché en soulageant leur misère: ce sont les âmes du purgatoire, que vous délivrerez par vos prières et vos aumônes; ce sont les Saints du Ciel, que vous honorerez en ornant leurs temples et leurs autels. Durant votre vie, ils vous obtiendront des grâces de conversion ou de ferveur; à l’heure de votre mort, ils vous défendront au tribunal de Dieu, et par leur entremise vous serez reçu dans le palais du grand Roi, dans ces heureuses demeures où vous jouirez éternellement du trésor de bonnes œuvres que vous aurez amassé. Sources: Missel quotidien et vespéral, par Dom Gaspar Lefebvre et les Bénédictins de l'Abbaye de St-André, Apostolat Liturgique, Bruges, 1951Huitième Dimanche après la Pentecôte - L’économe infidèle
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Épître
Mes frères, nous ne sommes point redevables à la chair de vivre selon la chair... Car si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si par l’esprit vous faites mourir les œuvres de la chair, vous vivrez. Car tous ceux qui sont mus par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Aussi n’est-ce point l’esprit de servitude que vous avez reçu pour rester encore dans la crainte; mais vous avez reçu l’esprit d’adoption filiale, dans lequel nous crions: Abba! Père! L’Esprit lui-même qui rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ.Réflexion sur l'Épître
Graduel
Évangile
En ce temps-là, Jésus dit à Ses disciples cette parabole: « Un homme riche avait un intendant, et celui-ci fut accusé auprès de lui de gaspiller ses biens. Il le fit venir et lui dit: Qu’est-ce que j’entends dire de toi? Rends compte de ta gestion, car désormais tu ne pourras plus gérer mon bien. L’intendant se dit alors en lui-même : Que ferai-je puisque mon maître me retire la gestion de son bien? Travailler la terre, j’en suis incapable. Mendier, j’en ai honte. Je sais ce que je vais faire pour que, lorsqu’on m’aura écarté de l’intendance, des gens me reçoivent chez eux. Ayant donc fait appeler l’un après l’autre les débiteurs de son maître, il dit au premier: Combien dois-tu à mon maître? Celui-ci répondit: cent mesures d’huile. Il lui dit: Prends ton reçu, assieds-toi vite et écris cinquante. Puis il dit à un autre: Et toi, combien dois-tu? Cent mesures de froment. Il lui dit: Prends ton reçu et écris quatre-vingts. Et le maître loua l’intendant malhonnête d’avoir agi d’une façon avisée, car les fils de ce siècle sont mieux avisés à l’égard de leurs congénères que les fils de la lumière. Et Moi Je vous dis : Faites-vous des amis avec les richesses d’iniquité, afin que lorsqu’elles viendront à manquer, ils vous reçoivent dans les demeures éternelles ». — Credo.Réflexion sur l'Évangile
(Abbé Janvier)
Épîtres et Évangiles des dimanches et des principales Fêtes de l’année, avec des Réflexions, par M. l’abbé Pierre-Désiré Janvier, Doyen du Chapitre de l’Église métropolitaine de Tours, Maison Mame, 1938